Ignorer et passer au contenu

Les répercussions de l’IA sur le bien-être des employés

Les répercussions de l’IA sur le bien-être des employés - Accolad

L’intelligence artificielle (IA) est en train de transformer radicalement le monde du travail. Si ses promesses d’efficacité, d’automatisation et de gain de temps sont réelles, son utilisation peut aussi se révéler être une source de stress et d’inquiétude pour les employés. Entre la pression de performance, le sentiment de surveillance, la peur de l’obsolescence et le besoin d’adaptation constant, les impacts de l’IA sur le bien-être au travail sont multiples et nécessitent d’être pris en compte par les employeurs.

Cet article propose un tour d’horizon des enjeux psychosociaux liés à l’IA et quelques pistes concrètes pour accompagner les employés dans cette transformation.

Impacts de l’IA sur le bien‑être: un couteau à double tranchant

D’un côté, l’IA offre des possibilités concrètes pour réduire la charge de travail, notamment en automatisant les tâches répétitives ou à faible valeur ajoutée. D’un autre, elle soulève certains enjeux éthiques et, lorsque mal utilisée, elle peut devenir source de bien des maux: épuisement professionnel, dépression, maux de tête, anxiété, fatigue, etc. 

Voici quelques-unes des causes fréquentes de mal-être dans les environnements de travail en lien avec l’IA:

  • Pression de performance et surveillance accrue: les outils d’IA permettent une traçabilité fine des comportements. Rythme de frappe au clavier, temps de réponse et productivité peuvent être surveillés en temps réel, intensifiant la pression ressentie sur le lieu de travail.
  • Besoin constant d’adaptabilité: l’automatisation transforme les compétences recherchées par les employeurs. Pour les talents, cela se traduit par un besoin permanent d’évoluer, de se former et de rester à jour pour pouvoir s’adapter à cet environnement de travail changeant, ce qui n’est pas une mince affaire. Cette dynamique peut être stimulante pour certains, mais générer un véritable stress pour d’autres, en particulier ceux qui se sentent moins à l’aise avec les outils technologiques.
  • Sentiment d’insécurité: un autre facteur de stress important pour les employés est la crainte d’être remplacé. Alors que certains emplois sont appelés à évoluer, d’autres pourraient tout simplement disparaître avec l’automatisation. 
  • Déshumanisation des interactions: lorsque les outils d’IA remplacent certaines interactions humaines, le travail peut perdre en chaleur et en sens. Par exemple, effectuer ses tâches avec l’aide d’un agent conversationnel plutôt qu’en collaboration avec un collègue peut créer un sentiment d’isolement. 
  • Perte de compétences: bien que l’IA soit un outil puissant, elle n’est pas infaillible. Elle peut produire des erreurs, ou même « halluciner » en générant des informations fausses avec assurance. Lorsqu’on s’y fie sans recul critique, cela peut nuire à la qualité du travail. À long terme, il existe aussi un risque d’appauvrissement des compétences humaines: à force de déléguer certaines tâches cognitives à l’IA (rédaction, prise de décision, analyse), les employés pourraient perdre l’habitude de réfléchir par eux-mêmes, ce qui nuit au développement professionnel et à la confiance en ses propres capacités.

Comment réduire l’impact négatif en tant qu’employeur?

Il est primordial pour les employeurs de mettre certaines mesures en place afin d’accompagner leurs équipes dans la saine adoption des outils d’intelligence artificielle. C’est d’autant plus vrai au Québec, avec la Loi modernisant le régime de santé et de sécurité au travail qui entrera en vigueur en octobre 2025. Cette loi obligera notamment les employeurs à cibler les risques psychosociaux et à adopter des mesures préventives pour préserver et maintenir le bien-être des employés. 

Voici quelques stratégies à explorer pour s’assurer de réduire l’impact négatif de l’IA en contexte de travail: 

1. Offrir du soutien et de la formation continue

Pour que l’IA soit perçue comme un avantage, plutôt qu’une menace, il est essentiel de donner aux employés les moyens de s’approprier les nouveaux outils. Pour répondre à ce besoin, il est crucial de proposer des formations régulières (webinaires, ateliers, mentorat) et des contenus adaptés aux différents niveaux de maîtrise. Un soutien technique accessible et bienveillant, ainsi que du temps prévu à l’horaire pour se former, sont indispensables pour faire baisser la pression et renforcer la confiance des employés.

2. Former les gestionnaires 

La posture du gestionnaire évolue. Dans un contexte d’automatisation, il ne s’agit plus seulement de déléguer ou d’optimiser, mais de guider, d’écouter et de soutenir. Les leaders doivent être outillés pour humaniser l’usage de l’IA, rester à l’écoute des inquiétudes de leurs équipes et encourager une appropriation progressive des outils. Un bon leadership permet de transformer l’intelligence artificielle en levier d’autonomie plutôt qu’en instrument de surveillance.

3. Promouvoir la transparence et la communication

Quand les décisions technologiques sont prises sans dialogue, les employés peuvent se sentir exclus, inutiles ou interchangeables, ce qui affecte profondément leur motivation et leur santé mentale. En expliquant concrètement la façon dont l’entreprise utilise les outils d’IA, en justifiant les décisions prises en lien avec l’intelligence artificielle et en impliquant les employés dans les prises de décision, on peut contribuer à instaurer un climat de confiance. Encouragez les employés à communiquer leurs inquiétudes et leurs peurs en favorisant un dialogue ouvert et constructif.

4. Favoriser une culture de collaboration 

Il devient essentiel de cultiver une culture de collaboration et d’appartenance au sein des milieux de travail. Ce type de culture renforce la résilience par la connexion humaine, en particulier pour les équipes hybrides ou à distance. En valorisant l’inclusion et le lien social, les employeurs peuvent contribuer à maintenir un climat de travail sain et solidaire malgré les bouleversements technologiques.

Remettre l’humain au centre de la transformation numérique

Les outils d’IA peuvent être des alliés précieux pour améliorer les conditions de travail, pourvu qu’ils soient déployés avec prudence, transparence et humanité. La prévention des risques psychosociaux, une bonne stratégie de gestion du changement et la reconnaissance des besoins humains doivent être au cœur de toute stratégie d’intégration de l’IA.

La transformation technologique ne doit pas se faire au détriment du bien-être. Au bout du compte, ce n’est pas la technologie qui crée de la valeur, mais les humains qui la conçoivent, l’utilisent et la mettent au service d’un travail porteur de sens.


Pascale Hubert
Rédactrice Web

Votre panier est vide